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La (new) Cadillac Database©

La fabuleuse
Cadillac Eldorado Brougham
1957 - 1960

Les sources de la Brougham

Les origines du nom et les sources de la
Cadillac Eldorado Brougham

 

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Nous devons à M. Philippe Ruel, grand amateur de la marque, la traduction française
des chapitres de la
(new) Cadillac Database© consacrés aux Eldorado Brougham

 

"L'Eldorado Brougham a été conçue, développée et construite sur mesure avec le plus grand soin avec un seul objectif : offrir aux automobilistes les plus avisés du monde la meilleure voiture de luxe en édition limitée qui soit .

"Transformer cet objectif en réalité a nécessité plus de deux ans de concentration et de travail d'équipe entre les designers Cadillac et les stylistes et les ingénieurs du centre technique de la General Motors.

"Nous pensons que lorsque les clients sauront tout de l'Eldorado Brougham et prendront la mesure du plaisir qu'elle seule peut procurer, ils conviendront qu'elle est vraiment la meilleure voiture jamais créée."

[tiré du "Cadillac Data Book" de 1957]

 

Cadillac

En 1701, à une douzaine de kilomètres en aval du lac St. Clair, le (soi-disant noble français) Sieur Antoine de la Mothe Cadillac (de son vrai nom Antoine Laumet, probablement un corsaire et un trafiquant dont on dit qu'il a acquis son titre de noblesse par des moyens douteux) établit un comptoir de commerce qu'il appelle "Ville d'Etroit".

Selon la revue française Historia, "Tony" Laumet poursuivit ses pérégrinations en Louisiane, faisant du trafic avec les populations indiennes et amassant dans l'affaire une richesse considérable. Plus tard, il devint gouverneur de la ville de Castelsarrasin dans le sud-ouest de la France. "Ville d'Etroit" crût et prospéra et devint Detroit, la capitale mondiale de l'automobile. On peut voir un buste de l'explorateur Cadillac [à droite] au musée municipal de Detroit.

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Eldorado

De l'espagnol el dorado, "le doré". Selon une légende des conquistadores espagnols, c'était le nom d'un chef ou cacique d'une tribu sud-américaine dont les serviteurs recouvraient le corps de poudre d'or lors de certaines cérémonies, après lesquelles il se lavait en s'immergeant dans un lac. Le nom "Eldorado", en un seul mot, est aussi souvent utilisé pour désigner une contrée imaginaire emplie de fabuleuses richesses, quelque part en Amérique du Sud (probablement en Colombie). Ce pays légendaire a été le but de bien des expéditions européennes, dont une de Sir Walter Raleigh, l'homme qui vainquit la grande Armada espagnole. Si l'on considère les quantités d'or volées aux Indiens par l'Espagnol Francisco Pizzarro, on peut penser que c'est plus d'un el dorado que lui et ses hommes ont trouvé dans la conquête et le pillage de ces terres.

De cette haute inspiration, le nom "Eldorado", tout comme le nom "Cadillac", a tiré une connotation d'élévation sociale, de perfection et d'une certaine aisance matérielle. Ce nom n'est pas le produit de l'imagination de quelque brillant publicitaire. Plus prosaïquement, il a été sélectionné à l'issue d'un concours interne auquel tous les employés de Cadillac étaient invités à participer. Le but de ce concours était de trouver un nom à un cabriolet spécial "Golden Anniversary" qui devait être dévoilé par Cadillac aux salons de l'auto de 1952. L'heureux vainqueur fut une certaine Mary-Ann Zukosky, employée des services commerciaux. Son idée gagnante fut adoptée par la suite par la firme pour son cabriolet 1953 en édition limitée.

Jusqu'à maintenant, certaines des plus belles Cadillac portent toujours le fameux nom "Eldorado".

 

Brougham

Henry Peter Brougham and Vaux, premier baron et Lord Chancelier d'Angleterre, est né à Edimbourg, en Ecosse, le 19 septembre 1778. Orateur, homme d'esprit et de goût et excentrique confirmé, il fut, entre autres, le concepteur d'un carosse attelé à quatre roues auquel il donna son nom. Le carrosse attelé Brougham avait une caisse coupée basse, avec un coffre servant de siège au cocher et une banquette pour deux passagers dans le sens de la marche. Certains avaient des sièges pour quatre passagers.

C'est aussi grâce au baron Brougham que la région de Nice, en France, devint un lieu de villégiature apprécié, et que la promenade de bord de mer prit son nom actuel de Promenade des Anglais.  Brougham mourut à Cannes le 7 mai 1868, quelques années avant la naissance de l'automobile.

Cadillac présenta la première Cadillac "Brougham" en 1916. Ce genre de carrosserie se démoda dans les années 30. Ce n'est que vingt ans après, en 1957, que le nom "Brougham" devait être à nouveau adopté pour la luxueuse berline à quatre portes et quatre places décrite dans ces chapitres et construite en série limitée pendant les quatre années qui ont suivi.

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La première Cadillac Brougham de 1916

Le nom resurgit de nouveau en 1965-66 pour les hauts de gamme Fleetwood Sixty Special. Mais ces voitures n'avaient rien d'aussi exceptionnel que les Brougham de 1957-1960. Ces Cadillac Brougham "de troisième génération" ne proposaient que quelques aménagements plus luxueux que les Cadillac standard de l'année. Ces Brougham tardives prenaient la succession de la fameuse série "Sixty Special" présente de 1938 à 1965-66.

 

Cadillac Eldorado Brougham

Les trois noms furent associés en 1955 pour désigner un "dream car" expérimental, ancêtre des luxueuses Eldorado Brougham sur lesquelles la firme de Detroit continua de bâtir de la fin des années 50 au début des années 60 sa réputation de "Standard of the World". A droite, l'Eldorado Brougham dans une photo publicitaire très connue prise à Miami pendant le Motorama.

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En 1928, Cadillac avait créé l' "Art and Colour Section" sous l'impulsion de Harley J. Earl, un jeune designer automobile qui avait travaillé jusqu'alors chez Don Lee, le concessionnaire Cadillac d'Hollywood. Earl y dessinait des carrosseries spéciales pour les riches stars de cinéma. Dix ans plus tard, une jeune recrue se joignit à l'équipe "Art and Colour", dont les efforts valaient déjà à Cadillac une solide réputation de novateur en matière de style. Il s'appelait William F. Mitchell.  Harley et "Big Bill" sont les coresponsables de la bombe stylistique de 1938, la Cadillac "60 Special".

Leur coup de force stylistique d'après-guerre, c'est la Cadillac Eldorado Brougham. Bien qu'aucun designer Cadillac en particulier ne puisse revendiquer le dessin final, ce dernier démarra sur la planche à dessin de Bob Scheelk, une nouvelle recrue de la section du style de la GM [nouvelle dénomination de l' "Art and Colour"].  Le travail de Bob était supervisé par Charles "Chuck" Jordan, qui avait succédé à Ed Glowacke, et par l'assistant de Chuck, Dave Holls.

Le 15 septembre 1955, la section du style déménageait de ses anciens quartier du centre ville de Detroit pour le nouveau centre technique ultra-moderne de la General Motor à Warren, au nord de la Motor City. A partir de ce jour, les Cadillac adoptèrent une allure plus claire et brillante, à l'image des nouveaux locaux où on les dessinait.

Construite par la division Cadillac de la General Motors Corporation de 1957 à 1960, l'Eldorado Brougham était le produit de plusieurs années de développement en matière de style et de technique. Elle a été précédée par nombre de modèles expérimentaux et de "dream-cars", principalement la Cadillac "Orleans" (1953), la "Park Avenue" (1954), le prototype "Eldorado Brougham" (1955), le second prototype "Eldorado Brougham" présenté à Paris (1955-56) et l' "Eldorado Brougham Town Car" (1956).

La première Eldorado Brougham de série (voiture n°3) fut présentée au salon de New York en janvier 1957. Cette voiture figure aussi dans un film de promotion de la marque tourné à Central Park, où elle vole la vedette à une autre Cadillac, la "Director", une Sixty Special agencée en bureau mobile.

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la Brougham 1957 n°3 à Central Park, New York

l'intérieur de la Cadillac "Director" de 1957

La Brougham du salon de New York, c'est-à-dire le modèle de série, différait sur de nombreux points du prototype présenté à Paris deux ans plus tôt et à New York en 1956. Ce dernier, appelé "Brougham de Paris", apparaît dans un rare et magnifique dépliant en couleurs avec une couverture argentée. Par comparaison, la brochure publicitaire de l'Eldorado Brougham de série, publiée en 1957, est bien moins élaborée et - d'après moi - pas du tout en accord avec le luxe suprême de la voiture qu'elle est censée promouvoir.

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Malgré un prix de vente astronomique pour l'époque, chaque Brougham était vendue à perte (on cite le chiffe de 10.000 $ par voiture). Même maintenant, en dépit d'une relative rareté, leur valeur reste modeste par rapport à la plupart des cabriolets et coupés Cadillac des années 50. A gauche, une autre vue de la Brougham n°3 au salon de New York 1957.

Pour conclure cette introduction, je souhaite exprimer mes remerciements sincères à Cy Strickler III, ancien président de la Brougham Owners' Association (B.O.A.) ; sans son travail de fond et ses recherches, cette section de la Base de Données Cadillac aurait été très incomplète. Après une période d'inactivité relative à la fin des années 70 et au début des années 80, la BOA a retrouvé un nouvel élan grâce à l'un de ses membres fondateurs, Allan Dowling. Allan a un site entièrement consacré aux Brougham. Un autre site consacré aux Eldorado Broughams de 1957/58 est celui-ci, par Michael Rizutto [c'est un site commercial].

La Cadillac Eldorado Brougham, souvent décrite comme "le summum en matière de transport individuel", est et demeurera une voiture rare, supérieure et superbement élégante. D'une certaine manière, elle est l'archétype des excès de flamboyance de l'automobile américaine de l'après-guerre. Dans son ouvrage de référence sur l'histoire de Cadillac, le néo-zélandais Maurice Hendry écrit: "la plus grande nouvelle pour les fanas du tape-à-l'oeil et de la nouveauté technologique des années 50 a été l'Eldorado Brougham"...

 

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© 1996, Yann Saunders et le Cadillac-LaSalle Club
[image de fond: vues de face et de dos de l'Eldorado Brougham de série de 1957 et 1958]